lundi 29 mai 2017

mon prochain roman, extrait...



CHAPITRE II


  Gwendoline a préparé et noté, sur un grand calendrier cartonné, les différentes animations et leurs dates, qui auraient lieu prochainement au Café du Loup rouge. Elle s'est vraiment piquée au jeu d'animer et de mettre en valeur son lieu de travail, où elle passe environ huit heures par jour avec Fanch.
La prochaine animation a pour thème : « Solidaires, pour quoi faire ? », un débat citoyen qui aura pour invité une personne qu'elle a contactée, dont elle attend encore la réponse ; qu’elle espère positive. C'est un humaniste éclairé, un progressiste de terrain, créateur et fondateur de jardins solidaires dans les villes. N'est pas Pierre Rabhi qui veut, mais cet homme  est un peu son frère jumeau. Gwendoline aimerait que des adolescents, encadrés d'adultes qui aiment le jardin, créent une petite entreprise de paniers de légumes frais et bios, bien entendu. Elle en a parlé avec Fanch hier soir, avant que ce dernier ne plonge dans un profond sommeil, bercé par le chant des courges, carottes, légumes racine et autres laitues de saison.
Viscéralement liée à la terre nourricière, pieds bien ancrés au sol, la jeune femme se souvient de sa petite enfance au Saskatchewan, quand son grand-père Ange Le Morvan, natif de Plouaret, l'asseyait au jardin potager entre deux rangées de légumes, à même le sol. Gwendoline, encore tout bébé, pouvait ainsi toucher de ses petites mains la terre. Elle en effleurait d'abord la surface, granuleuse, de couleur sombre. Contact tiède et humide. Puis, l'enfant aux doigts chercheurs explorait la couche superficielle de cette tendre croûte. Portée à la bouche et sous les narines, la poignée de terre dégageait des saveurs de silex, d'humus, de feuilles en décomposition. Odeurs herbacées et fumées à la fois, tandis que le goût en bouche, malgré le contact rêche sous la langue, se montrait des plus agréables. Son grand-père, le dos courbé, n'ignorait rien de cet apprentissage car de temps à autre, il jetait un coup d’œil en arrière, soucieux d'exercer une surveillance – discrète mais efficace - sur sa descendance. Le retraité souriait devant les grimaces et sourires qui alternaient sur la face de sa petite fille. Elle, yeux plissés, les joues barbouillées de terreau et granulats les plus divers, offrait son  doux visage  au soleil bienfaiteur.

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