mercredi 9 novembre 2011

exergues & préface de mon dernier roman "LES COCCINELLES DU DIABLE"


Si nous buvons du vin, c’est pour respirer un moment, hors de nous-mêmes. Puisse-t-il en être ainsi de la lecture.





« Toute civilisation qui se préoccupe de survivre doit accomplir ses devoirs envers le vin. Le maintien d’un grand cru est la plus durable des écoles d’art. »



Raymond Dumay





« En Bourgogne, quand on parle d’un climat, on ne lève pas les yeux au ciel, on les baisse sur la terre. »



Bernard Pivot









































« Imaginer, c’est hausser le réel d’un ton. »



Gaston Bachelard











PREFACE







De tout temps, le vin a inspiré des formes d'art prisées par les élites aussi bien que par le peuple : poésie, littérature, peinture, musique, chant, sculpture… Que le roman policier s'y intéresse ne saurait donc surprendre. Lors du 3° salon Livres en Vignes, qui se tint au Clos de Vougeot en 2010, l'un des débats s'intitulait: "Le vin, pousse au crime littéraire…"



Breton originaire de la Côte de granite rose, Yann Venner connaît bien la Bourgogne pour l'avoir maintes fois visitée, en avoir dégusté les crus et y avoir trouvé la compagne de sa vie. Dans Les Coccinelles du Diable, il explore à nouveau la veine "éco-viticole" du polar. En 2010, il avait publié Cocktail Cruel qui a pour cadre la Côte de Beaune et la Bretagne. Le lecteur retrouvera, avec plaisir, dans son nouvel opus, quelques personnages de son précédent roman: le négociant beaunois Antoine de la Clairgerie, les "Vignoleuses," deux sœurs bretonnes qui, dans leur laboratoire mettent au point des solutions à base d'algues marines destinées à protéger la vigne, Létourneau, le commissaire qui, à sa manière, porte les valeurs du terroir… Mais, à l'heure de la mondialisation du vin, le roman de Yann Venner nous entraîne aussi en Chine et nous fait rencontrer l'attachante Xinhua.



« Les Coccinelles du Diable » tient à la fois du roman policier et du roman de science-fiction. Côté polar, les statistiques montrent avec une éloquence quelque peu dérangeante que la campagne n'est pas épargnée par le crime. En son temps, Brassens ne chantait-il pas: "Nous, au village, aussi, l'on a de beaux assassinats?" Quant à une invasion du vignoble par des coccinelles diaboliques venues d'Asie, espérons qu'il s'agisse bien d'une fiction. Toutefois, l'histoire nous rappelle que le vignoble bourguignon faillit plusieurs fois disparaître sous les assauts des urebères, écrivains, gribouris, noctuelles, "vers coquins," et autres pyrales… Au XIX° siècle, la menace ne vint pas d'Asie mais d'Amérique avec l'oïdium, le phylloxéra, le mildiou… Conscients de leurs responsabilités environnementales, les vignerons, de plus en plus nombreux cessent de lutter contre les fléaux de la vigne avec des pesticides et pratiquent la viticulture raisonnée, biologique, voire biodynamique.

Mais en aucune façon ce livre n'est une thèse. S'ils incarnent des préoccupations actuelles, les protagonistes restent des personnages de chair et de sang. Yann Venner nous fait découvrir une région qu'il aime, un métier qu'il respecte, un produit qu'il apprécie en connaisseur. Il chante le charme de la Côte de Beaune et de la vigne. Discrets, l'humour et la poésie surgissent au détour de phrases finement ciselées.



Trêve de bavardage, Les Coccinelles du Diable est un roman qu'il faut déguster, de préférence avec un verre de bourgogne à la main.







CLAUDE CHAPUIS, professeur à l’ESC Dijon, chargé de cours à l’Institut Jules Guyot.
















La poésie, ça n'a pas de prix !