mardi 4 janvier 2011

Roman des pierres


Pendant le Tertiaire les espaces océanique téthysiens pas encore fermés au Crétacé supérieur vont disparaître pour laisser place à des chaînes de montagnes qui vont s'étendrent du Maroc à l'Asie du SE. Les plissements alpins vont ramener à la surface des roches de tous âges, certaines déjà affectées par d'autres phénomènes orogéniques, varisques ou cimmériens, ce qui permettra d'avoir accès à ces roches.
Ce plissement changea la face de la terre en créant des barrières faunistiques importantes, mais surtout il y eut une dégradation du climat qui se refroidit drastiquement à partir de l'Oligocène. Ceci est aussi dû à la séparation importante, alors, de l'Australie et de l'Antarctique, ce dernier continent venant se placer en position polaire. Une circulation circum antarctique d'eau froide s'installe et la glace peut commencer à s'y installer. Cependant les fluctuations du CO2 à cette époque jouent aussi un rôle prépondérant. Cette machine à refroidir le climat va lentement refroidir tous les océans de la planète, et, combiné à l'apparition des reliefs alpins en Europe et en Asie, va engendrer un cycle de glaciations de l'hémisphère nord aussi, à la fin du Tertiaire et surtout au Quaternaire.
A l'Oligocène, la chute de température moyenne en Amérique du nord côté Pacifique peut être estimé à 10°, et les écarts de température s'élargissent de 7 à 24°, un climat plus tempéré à saisons bien marquées s'installe donc sur la planète. Le niveau de la mer est aussi affecté par des variations eustatiques de très large ampleur, celle de l'Oligocène aurait pu atteindre plus de 100m de variation et doit être alors liée à une première glaciation.
A partir du Miocène, la détérioration du climat dans l'hémisphère nord va empêcher la migration de bien des mammifères à travers le détroit de Béring. La situation s'aggravera définitivement au Pléistocène, et seules des formes adaptées au froid continueront de transiter entre Amérique et Asie, y compris l'homme.


Les mammifères primitifs comme l'échidné et l'ornithorynque d'Australie, ainsi que les marsupiaux qui sont un peu plus évolués, ont une répartition fossile et actuelle sur la planète qui s'explique très bien par la tectonique des plaques. Ces groupes se sont développés en Amérique au Crétacé et de là ont entrepris une migration vers le Sud, jusqu'en Australie. Ils ont fait ce périple avant que l'Australie ne se sépare de l'Antarctique, et en passant le long d'isthme formé par des arcs volcaniques. Un seul marsupial a réussi à passer en Europe et n'a pas eu de descendant.
L'arrivée de mammifères placentaires plus évolué en Europe et en Amérique du Nord mit fin à la présence des marsupiaux dans ces régions, alors qu'ils survécurent à l'abri sur leurs radeaux sud-américain et australien suite à la dérive de ces continents durant le Tertiaire. Les deux groupes de marsupiaux purent ainsi engendrer leurs propres espèces sur ces deux continents. Ceux d'Amérique du sud durent affronter les prédateurs placentaires à la fin du Tertiaire et au Quaternaire, dû à des migrations à travers l'isthme de Panama. Grands nombres d'entre eux disparurent. Quant aux marsupiaux australiens ils purent rester en paix jusqu'à l'arrivée de l'homme il y a –30.000 ans.

Le Crétacé voit se poursuivre ce qui s'était amorcé au Jurassique, le bras océanique est-ouest Atlantique-Téthys s'élargit, le climat se réchauffe encore un peu, les océans crétacés sont très chauds et deviennent même anoxiques à un certain moment (Albien).
Cependant, quelques changements important aux limites de plaques, surtout autour du Gondwana, ont rapidement amené la fracturation de celui-ci. A la fin du Crétacé, l'Amérique du sud, l'Afrique, l'Inde sont individualisées, il reste un bloc Australie-Antarctique qui se séparera définitivement qu'au début du Tertiaire.
Coté Laurasie, l'Atlantique commencera à se propager lentement vers le nord, séparant la plaque ibérique de l'Europe, créant ainsi de nouvelles limite de plaque dans le domaine alpin, alors que le Vardar se referme totalement dans les régions balkanique, commençant ainsi les plissements alpins.
Côté Néotéthys, il y eu apparition de grand bassins d'arrière arc intra-océaniques, qui remplacèrent totalement la Néotéthys. Ainsi toutes les ophiolites des plissements Téthysiens entre Grèce et Extrème orient sont principalement d'âge Crétacé. Ces ophiolites obductèrent au Crétacé supérieur sur le pourtour du promontoire arabique (Oman, Iran, Syrie, Turquie), ainsi que sur la marge néotéthysienne de l'Inde.
La fin du Crétacé est marquée de nouveau par une extinction de masse, 85% des espèces disparurent, dans un scénario très proche de celui de la fin du Permien :
- activité volcanique importante au niveau des traps basaltiques du Deccan,
- chute d'un astéroïde important au niveau du Mexique.
L'effet combiné d'une détérioration climatique due à l'activité volcanique sur un million d'année, et celle de l'impact météoritique et les variations importantes du niveau marin dues à des refroidissements successifs ont eu raison de l'équilibre écologique affaibli.
Les dinosaures et les reptiles marins disparurent complétement, accompagnés par les ammonites et bélemnites. Les mammifères, les oiseaux, tortues, crocodiles lézards et serpents et les amphibiens survécurent, accompagnés par les plantes à graines qui étaient apparues pendant le Crétacé.

Avec la période Jurassique nous assistons à la fracturation de la Pangée, et à l'extension vers l'Ouest du domaine téthysien avec l'ouverture de la Téthys Alpine. En fait cette ouverture est plutôt liée à celle de l'Atlantique central, entre Afrique et Amérique du nord. L'ouverture se serait faite à partir de la région du Golfe du Mexique et de l'Atlantique, au Lias, puis vers l'Europe Alpine au Dogger.
La fracturation de la Pangée aura été difficile, car si la croûte de la chaîne alléghanienne encore épaisse se prête bien à la fracturation dans le domaine atlantique, la croûte de la cordillère varisque collapsée et déjà amincie des régions méditerranéennes va résister. Il s'en suivra l'ouverture d'une multitude de rifts affectant toute la future région alpine au sens large. Finalement, une ouverture océanique pris place le long de la future chaîne alpine, du Maroc aux Carpathes en passant par l'Italie et les Alpes occidentales. Cet océan alpin ne fut jamais très large et ne fut jamais vraiment relié directement à la Néotéthys. Au Jurassique, cette dernière commence à subducter sous le bord sud de l'Asie, créant une cordillère affectée localement par l'ouverture de bassins d'arrière arc comme, le Vardar, l'océan Izmir-Ankara le domaine sud-Caspien, et l'océan de Panjao en Afghanistan.
Ces back-arc néotéthysiens jurassiques donneront de nombreuses ophiolites lors de leur fermeture qui commence pour le Vardar déjà au Jurassique supérieur, compensant ainsi l'ouverture de l'Atlantique central. Avec cette ouverture Atlantique, un système d'océan est-ouest est mis en place, réchauffant certainement le climat ; le Jurassique comme le Crétacé furent des périodes très chaudes, accompagnées de climat à effet de serre prononcé, sans glaciation. Ceci permit l'expansion très importante des reptiles et plus particulièrement des dinosaures sur toute la Pangée. On assiste aussi à l'apparition des premiers oiseaux, accompagnés dans le ciel par des reptiles volant (Ptérosaures), alors que d'autres retournent vivre dans la mer (Ichtyosaures, Plésiosaures, Mésosaures), tout comme le feront certains mammifères au Tertiaire.


Le Trias va voir la disparition de la Paléotéthys au profit de la Néotéthys. Sur le bord de la Laurasie, de nombreux bassins d'arrière arc se sont ouverts pendant le Trias dû à l'accélération du roll-back de la Paléotéthys. Les blocs cimmériens vont refermer bons nombres d'entre eux avant de se coller à la Laurasie à la fin du Trias. Cette collision cimmérienne, bien souvent entre terranes, ne donnera pas de grands reliefs, excepté au nord de l'Iran, où de grande quantité de sédiments mollassique seront déposé au Trias supérieur et au Lias des deux côtés de l'orogène, maintenant disparut suite à l'ouverture de la mer Caspienne. Là aussi cette molasse est riche en charbon.
Les restes de la marge active paléotéthysienne permo-triasique et de l'orogène cimmérien se retrouvent en Grèce, en Turquie, en Iran, en Afghanistan, au Tibet, en Thaïlande et en Malaisie. Plus à l'Est, ils marquent aussi la collision entre les deux blocs chinois du nord et du sud, accompagnée de roches métamorphiques de très haute pression datées à 220 Ma.

Terre & Mer suite 2

Mémoire de la Terre, histoire de la vie…Mémoire vivante et histoire tellurique…


Imaginez que vous perdiez la mémoire… Vous n’avez plus alors aucune idée de la personne qui vous regarde dans le miroir. A l’état présent, votre passé a disparu, brusquement ! En perdant notre identité, même plus d’avenir, horreur !
Qui est donc soudain face à moi ?
Hors du temps, hors du lieu même, et hors de soi, comment se retrouver, se reconnaître ? Peut-être grâce à un témoin, un autre qui vous connait et qui fait donc partie un peu de vous. Oui, c’est cela : l’addition d’un autre et d’un moi ! Pour en faire un Je(u).
Un autre moi-même !

Un simple être vivant gonflé d’orgueil, la tête comme une montgolfière ! Croyant voler au-dessus des miasmes, alors que sans les « miasmes » comme il dit, il n’existerait, n’existera et ne serait même pas !


Il m’imagine alors au-dessus de l’espace, témoin voyeur qui se détache de la terre pour la regarder d’en haut ! De très haut !

Et il aperçoit alors, une mémoire d’avant la mémoire de l’homme, une mémoire géologique, minérale, vivante, en quelque sorte : pierre qui roule… Erosion, fractures, tremblements de terre, glissement de terrain, fonte des glaces, évolution, révolution, changement, souffle !
Un patrimoine culturel est alors en Je(u), en Toi, en moi, en l’autre… Pierre à pierre, étudions « La Terre » pour construire du sens, allons à la recherche non pas de l’origine, mais des lieux sur lesquels l’humanité s’est appuyée, a posé le pied, érodant, abrasant, détruisant et construisant. Une invention du paysage, paysage où l’on perd pied si on l’ignore.

La Terre nous porte et nous transporte. Faune et flore dansent ensemble, dans un ballet dont Nicolas Sténon XVII siècle a établi la chorégraphie avec le Comte de Limur, dans une folle uchronie…

La balade, et la ballade peuvent commencer.





Déclaration internationale des droits de la mémoire de la terre



De même qu’un vieil arbre garde la mémoire de sa croissance et de sa vie dans son tronc, la Terre conserve la mémoire du passé. Une mémoire inscrite dans les profondeurs et dans la surface, un affleurement, une mémoire qui affleure, qui fleurit ou refleurit. Une terre fertile qui nous chante un moi retrouvé !
Une chanson qui nous trotte dans la tête, un lambeau de mémoire…

Mémoire inscrite dans les roches, les fossiles et les paysages, une mémoire qui peut être lue, traduite et représentée dans toutes les langues et par nos cinq sens ! La musique des pierres, le souffle de la mer, la peinture d’une fleur – son odeur, son immédiateté venue du fond des âges ! Age de pierre… Patrimoine naturel, patrimoine culturel, qui suis-je au milieu de la nature, sur la Terre et dans l’air ?

Une mémoire d’avant la mémoire de l’homme, une mémoire géologique, minérale, vivante, en quelque sorte : pierre qui roule… Erosion, fractures, tremblements de terre, glissement de terrain, fonte des glaces, évolution, révolution, changement, souffle !
Un patrimoine culturel est alors en Je(u), en Toi, en moi, en l’autre… Pierre à pierre, étudions les ruines pour construire du sens, allons à la recherche non pas de l’origine, mais des lieux sur lesquels l’humanité s’est appuyée, a posé le pied, érodant, abrasant, détruisant et construisant. Une invention du paysage, paysage où l’on perd pied si on l’ignore.


En 1669 paraît, à la suite de nombreux voyages et observations en Italie, un ouvrage qui fera date dans le domaine de la géologie : "De solido intra solidum naturaliter contento dissertationis prodromus". Dans ce livre, le savant danois jette les bases de la cristallographie en montrant que les angles des faces des cristaux de quartz restent constants malgré leurs différences d'aspect et de taille. De plus, il suggère que les fossiles constituent les restes des organismes vivants ayant disparus, une idée totalement révolutionnaire pour l'époque.

Sténon fournit également une explication à la formation des montagnes par les mouvements de la croûte terrestre et démontre l'importance de l'érosion. Il met enfin en lumière le phénomène de sédimentation et donc la notion de strate. Par l'étude approfondie des couches sédimentaires et des fossiles, il prouve ainsi qu'il est possible de reconstituer l'histoire géologique d'une région, travail qu'il exécutera en Toscane, sa région d'adoption.
On peut dire que la géologie débuta avec Nicolas Sténon, un médecin danois, qui le premier en 1669 parla de strate en décrivant la superposition de couches de roches sédimentaires. Les fossiles qui caractérisent ces strates sont regardés comme des vestiges d'organismes disparus. Ils permettent de mettre en évidence une histoire de ces roches, basée sur le principe de superposition et sur le principe d'extinction et d'apparition des espèces.
La stratigraphie était née et n'a pas beaucoup changé dans ses fondements depuis cette époque. Le principe de base est qu'une strate inférieure est plus ancienne qu'une strate supérieure, c'est le principe de superposition qui permet de dater relativement les événements sédimentaires qui se succèdent.
Sténon décrivit aussi des « discordances » entre les strates, ce qui implique qu'il y ait eu basculement de ces strates avant qu'une nouvelle transgression ne vienne éroder puis superposer de nouvelles strates sur ces strates basculées.

Si Sténon reconnut que les strates pouvaient être déformées et qu'elles n'étaient plus à l'horizontale, il en conclue néanmoins qu'elles devaient l'avoir été lors de leur déposition. Le principe de déformation des roches à partir d'un état initial non déformé est donc reconnu dès le début. L'idée de plissement sera reconnue par le suisse Johan Scheuchzer (1684-1738) et énoncée plus tard par Horace Bénédict de Saussure (Genevois, second vainqueur du Mont-Blanc en 1787), et aussi par les suisses Conrad Escher et J.G. Ebels (1808). La notion d'un certain dynamisme à la surface de notre Terre était mise en place. La notion de système de chaînes de montagnes (système orogénique) alignés autour de la planète et qui se succèdent dans le temps (cycle orogénique) fut émise par Elie de Beaumont en 1829. Il définit ainsi 6 phases de déformation se succédant les unes aux autres dans les Pyrénées.
Par la suite, cette notion attira l'attention de nombreux chercheurs, chacun essayant d'expliquer ces phénomènes à sa manière. James Hall (écossais 1761-1832) produit le premier modèle analogique de ces déformations en simulant le plissement de strates par un empilement de pièces de tissu se plissant lorsqu'elles sont serrées entre deux planches de bois se rapprochant l'une de l'autre. De tels modèles analogiques sont toujours utilisés de nos jours.

Le climat varie à la surface de la planète, tant dans les températures, les taux de pluviométrie ou les variations saisonnières, ceci en fonction des latitudes, de l'altitude, des courants océaniques, de la distribution des masses continentales en encore de paramètres astronomiques.
Cette diversité de climat induit une multitude de paysages types - glaciaire, polaire, désertique, tropical humide, continental, karstique, etc., qui sont le résultat du façonnage de l'environnement par les manifestations du climat.
La morphologie du paysage est le témoin de l'évolution de ces climats dans le temps, par exemple les moraines fossiles ou les restes de palmiers à Lausanne.
L'étude des bassins sédimentaires anciens répartis à l'intérieur des continents, tel le bassin de Paris, permet d'établir une échelle stratigraphique des temps, en se basant sur les différentes faunes et flores caractérisant chaque empilement de strates.
Ainsi en France en 1849, Alcide d'Orbigny (1802-1857) définit par leurs faunes et de façon durable, vingt-sept étages du Jurassique et du Crétacé. Un travail similaire sera fait tout autour de la planète au cours du 19ème siècle; les bases d'une stratigraphie mondiale sont ainsi établies.

Ces bassins épi-continentaux, donnent de nombreux renseignements sur l'évolution des faunes et des flores aussi bien marines que terrestres. Effectivement, ces bassins peu profonds, sont souvent formés d'empilements de couches d'origine marine et d'origine continentale, dû aux phénomènes des variations eustatiques du niveau marin. Ces régions où les différentes faunes et flores se mélangent et se superposent sont donc des endroits clé pour comprendre l'histoire de la vie sur Terre. Ces différentes faunes et flores qui se suivent dans le temps amenèrent des paléontologues comme Cuvier à proposer une théorie articulée autour de catastrophes qui se seraient succédé sur Terre éliminant toute trace de vie, chaque catastrophe étant suivie d'une nouvelle création.
Remontons le temps

Un des changements, et très profond, de notre planète, est l'impact laissé par l'homme sur son environnement. Il est donc impossible de ne pas parler un peu de ce facteur perturbateur. De son berceau africain, l'homme ancien, Homo erectus, se répandit dans l'ancien monde il y a plus d'un million d'années en arrière.
L'homme moderne émergea vers –200.000 ans et pourrait être un descendant de Homo heidelbergensis qui vécut jusqu'à cette période. En fut-il de même de Homo neanderthalensis ? On ne pense, car le plus vieux représentant de celui-ci trouvé en Espagne, serait vieux de 300.000 ans, mais auraient évolué à partir d'un ancêtre vieux de 700.000 ans. Les évidences génétiques place l'émergence de l'homme moderne, Homo sapiens sapiens, en Afrique, entre 140.000 et 280.000 ans, il aurait atteint la Chine vers – 68.000 ans et l'Europe vers – 36.000 ans. Finalement la conquête des Amériques débuta il y a 10.000 ans.
Homo sapiens sapiens et H. neanderthalensis ont vécu ensemble en Europe jusqu'à l'extinction de celui-ci vers – 30.000 ans, certainement à cause de problème de compétition autour des habitats, sur un fond de glaciation en marche. Qu'en serait-il de nous si les glaciers venaient à envahir toute l'Europe ou l'Amérique du Nord ? Il semble pour l'instant que nous devions affronter plutôt un réchauffement, dont l'effet le plus désastreux serait la montée des eaux. Quelques dizaines de cm mettraient en péril la vie de millions d'habitants, et ceci sur toutes les côtes de tous les continents. Un péril commun amènera peut-être l'humanité à prendre conscience de son impact sur la planète…

Terre & Mer suite

LIEUX MYTHIQUES ET CRÉATION LITTÉRAIRE
Il est des lieux qui gagnent leur dimension mythique lorsque la littérature s’en saisit pour explorer leur mémoire, leur donner une personnalité et produire des discours qui les rendent éternellement présents, nous parlent toujours.
Des terres anciennes, des sites archéologiques, le désert de sable ou ses massifs sculptés, les rivages, les terroirs, ont nourri bien des récits de diverses factures, fictionnelle, historique, philosophique, autobiographique…Pour ne citer qu’un exemple parmi une multitude, on ne peut ignorer à quel point les déserts ont investi les imaginaires des romanciers ? Le désert, comme référent et métaphore, prétexte à la réflexion mystique de la quête du Sens. Autre territoire, les chants camusiens pour Tipasa célèbrent les « noces du soleil et de la mer », celles de l’homme et de la nature.


Cette poésie du bonheur se vit plus intensément encore lorsque l’on creuse, fouille, enquête sur ce formidable patrimoine terrestre qui affleure, sur cette Terra incognita qui nous porte tous, nous frêles humains, soumis à tous les vents.
Quelle relation s’établit alors entre un lieu géographique avec ce qui l’anime et la création littéraire ? Comment cette dernière, à travers des contextes socio-historiques et esthétiques et à partir d’une posture particulière, celle d’un écrivain avec sa propre mythologie, métamorphose la perception des lieux, leur donne du sens ou le renouvelle, l’inscrit dans un patrimoine culturel, personnel ou collectif, voire universel ?
Quelle cartographie vivante des lieux mythiques peut nous offrir la littérature d’ici et d’ailleurs?
Ce roman tente de répondre à toutes ces questions, et de les illustrer par un récit à la fois historique et esthétique. Par cet éternel attelage - tiré par les chevaux de l’écriture - du poétique et du politique, labourons la mémoire des temps & des lieux.
Ce livre se veut le berceau qui vous accueille, vous lectrice ou lecteur, pour vous faire grandir, tout en vous questionnant.
Puisse cette œuvre modeste être à la bonne hauteur : humaine, tout simplement !

Terre & Mer

L’intelligence a été donnée à l’homme pour lui permettre de dresser le constat de "l’éternelle imposture" sur laquelle repose la marche du monde ; une fois cette prise de conscience effectuée, la vie se révèle belle et joyeuse. Il s’agira alors de ne viser que son accomplissement, dégagé le plus possible des contraintes exercées par le Léviathan social.


"Je ne peux pas supporter l’idée qu’un homme puisse en dominer un autre, surtout pour une question d’argent." ; "Les nouilles ne nourissent pas aussi bien qu’on le prétend chez les mangeurs de canard." ; "Si vous essayez depersuader un chat ou un chien que Dieu existe, il ne vous écoute pas..." ; "Je suis un ennemi de l’autorité." Des centaines d’aphorismes et de citations de celui que René Fallet définissait comme "un poète qui descend dans la rue comme une émeute."

Dans les discours du catastrophisme scientifique, on perçoit distinctement une même délectation à nous détailler les contraintes implacables qui pèsent désormais sur notre survie. Les techniciens de l’administration des choses se bousculent pour annoncer triomphalement la mauvaise nouvelle, celle qui rend enfin oiseuse toute dispute sur le gouvernement des hommes. Le catastrophisme d’État n’est très ouvertement qu’une inlassable propagande pour la survie planifiée - c’est à dire pour une version plus autoritairement administrée de ce qui existe. Ses experts n’ont au fond, après tant de bilan chiffrés et de calculs d’échéance, qu’une seule chose à dire : c’est que l’immensité des enjeux (des "défis") et l’urgence des mesures à prendre frappent d’inanité l’idée qu’on pourrait ne serait-ce qu’alléger le poids des contraintes sociales, devenues si naturelles".

Confrontant la réflexion politique et écologique à des valeurs, et redonnant à la sensibilité et à l’humour une place qu’ils n’auraient pas dû perdre, ce livre ne propose pas de théorie toute faite pour assurer la survie de l’espèce. Mais, à travers ses chapitres brefs et pénétrants, qui sont autant d’analyses de la réalité concrète dans laquelle nous vivons, il nous invite à reprendre à notre compte et à poursuivre l’interrogation. Et nous suggère que, pour remettre sur ses pieds un monde qui marche sur la tête, c’est en chacun de nous que doit s’opérer le rétablissement.
La décroissance n’est pas la croissance négative. Il convient de parler d’« a-croissance », comme on parle d’athéisme. C’est l’abandon d’une foi ou d’une religion, celle de l’économie, progrès et développement. S’il est admis que la poursuite indéfinie de la croissance est incompatible avec une planète finie, les conséquences (consommer moins) sont loin d’être acceptées. Il est encore temps de changer de trajectoire et d’imaginer un système reposant sur une autre logique : une société de décroissance.


Après l’extermination de la mégafaune par nos ancêtres chasseurs-cueilleurs, la socialisation de la nature se caractérise, avec l’apparition de l’agriculture et d’une société de classes, par la concurrence pour le surplus de production. Une logique à l’œuvre notamment dans les grandes civilisations englouties : Sumer, Rome, Mayas, etc. Mais les sociétés industrielles modernes se distinguent par leur compétence sans précédent à dominer la nature, avec une capacité unique dans l’histoire : détruire les écosystèmes à l’échelle planétaire. Pourtant, l’idéologie dominante, fondée sur le culte de la croissance, persiste à nier que notre organisation sociale engendre ces comportements mortifères. Un renversement des valeurs et une modification de la relation des humains entre eux sont aujourd’hui indispensables à la survie des espèces.