mercredi 22 avril 2009

Le parfum de la lune, poèmes

La poésie n'est pas du vent, c'est le vent qui est poésie. YV.



« La poésie on le sait tous c’est l’ambre qui parfume
nos amertumes
En les couchant noir sur blanc
et en faire des baumes
en vers et en rimes
c’est le souffle qui guide les voiliers
des mots malgré les maux
vers le littoral de l’apaisement
La poésie est : Un cri de feu ou de flamme
Un souffle de brise ou de vent
Un message de peur ou de paix
Un sentiment d’amour ou de rejet
La poésie pour dire un volcan au cœur
Ou un ravin dans l’âme
Pour chanter la joie
Ou la mélancolie.

Un poème est une image de vie. »


Aziza Rahmouni






L'essence de la poésie est de mettre au défi notre condition.
La poésie nous apprend à rechercher au plus simple tout ce qui est transcendant et inépuisable.
Donc dans le rapport simple à soi-même.
La poésie n'est pas déploiement de mots dans un texte, ou agencement sans but, c’est une activité de l'esprit et de ce fait même toute une histoire, une civilisation et une philosophie.
Ecrire la poésie, c'est vouloir se défaire de l'autorité des systèmes de représentation.
C’est donc se délivrer des interprétations que ces systèmes font projeter sur nous, c'est rendre à autrui le droit d'exister en nous…
L'attestation poétique n'est qu'un instant, qui secoue le langage pour lui permettre de se réorganiser sous le signe de plus d'immédiateté dans le rapport avec soi-même.
La poésie est écoute des intuitions, des pensées pour "changer la vie".

YV





Ces poèmes,

pour BRIGITTE








C’est un jour de fête foraine
Tes rires y rayonnent
Tournent en fulgurant manège.

Dans un tourbillon de lumière
Ta chevelure blonde
flotte dans l'air.

J’aperçois ton regard
Qui embrasse l’horizon
De mes rêves.

Nous chevauchons cascade bleue,
Tournent tournent les amoureux.

Dégustons la plénitude
Et la joie, à jamais
Toi, ma vie, ma bien aimée,

Toi vent doux

Si agréable

Toi ma lune

de pluie et de blé

Toi, beauté

plaisir enchanté.







Ce n’est pas une affaire d’épaules
que le fardeau du monde.

Ceux qui viennent à le porter
sont souvent les plus frêles.
Eux aussi
sont sujets à la peur
au doute
au découragement
et en arrivent parfois à maudire
l’idée ou le rêve splendides
qui les ont exposés
au feu de la géhenne.

Mais s’ils plient
ils ne rompent pas,
et quand, par malheur on les coupe
et mutile,
ces roseaux humains -
savent que leurs corps lardés
par la traîtrise -
deviendront autant de flûtes,
que des bergers de l’éveil
emboucheront pour capter
et convoyer jusqu’aux étoiles
la symphonie de la résistance











Ton âme est un vivant tombeau,
habitée par tes beaux ancêtres.
Tu les regardes à la fenêtre
de l'histoire, tombée en lambeaux.

Mais il suffit que sur un balcon
une femme hésite..., pour être
celle que nous perdons -
l'ayant vue apparaître.

Elle lève les bras
pour nouer de ses doigts d'or
ses cheveux, toujours et encore.

Combien notre histoire ainsi
gagne soudain d'emphase
et notre bonheur d'éclat.












Ces éreintantes certitudes
creusant creusant ma solitude
alors que le doute fécond
me relie à la multitude

croire ou douter
craindre espérer
entre l'espérance et la crainte
tout un train
de pensées m'éreintent
combien de wagons en transit
entre des rames qui hésitent
quais d'ennuis transpercés de brume
aiguillages sanguinolents
destinations toujours devant
fuite du temps
vers l'inconnu
toujours toujours
cet être nu
et habillé de solitude
dans le bonheur triste des gares
où tant de voyageurs s'égarent
locomotives sans motifs
chevaux fous hargneux et craintifs
qui traînent
attaché à leur queue
Mazeppa, condamné des dieux
sombre dépouille corps déchiré
solitaire parmi les cieux.








Territoires

libérés

désancrés

illettrés

balancez

vous comme des îles

sur

un océan bleu d’argile



seul un

poisson a gravé

son inutile

nostalgie.


Larmes de Kabylie.

À
LOUNES MATOUB


Lounès
de la douleur Matoub est mort,
Lounès
de la colère Matoub n’est plus.
Qui
porte sa douleur aujourd’hui ou demain ?
Qui
porte sa colère emportée par les balles ?
Le
bras du G.I.A frappe comme on crotale.
Toi
chanteur musicien poète en Berbérie
et
en toute maison ; ton corps écartelé
sur
l’Algérie entière recouvre l’océan
qui
mugit jusqu’à nous - les petits conquérants
de
jadis aux pieds secs, les mous de la cocarde
enivrés
par l’exode ; les tendres cannibales
imposant
leur loi - fiel : celle du pieux colon
qui
ravale l’Histoire à coups de République.
Le
Kabyle est sans voix, privé même de langue.
Qui
meurt au bout du compte, le poète, l’assassin ?
Lounès
Matoub est mort et la main passe en vain...
Il
Il n’y a plus d’Histoire au - delà de demain.







Les voix qui chantent faux
cortèges des semaines
les amours mécanos
le jargon de nos peines

les espoirs verrouillés
la jarre est dans l'eau morte
et les corps lézardés
les secrets sans escortes

les balcons qui colportent
sept jours comme des flûtes
sur le seuil muet des portes
le front blême qui bute

s'en vont les mains fanées
sur une grande artère
le soupir des années
et l'orgue de misère

















Proies des désirs
L’été fondait sur nous
Nous emportait dans ses remous.
L’herbe chaude à midi
Nous gardait dans ses plis.
Marée subite du plaisir
L’été nous sautait à la gorge,
Nous prenait dans ses bras.

Sel des baisers
Jeux de tendresse
Soubresauts de caresses
Arqués jusqu’au zénith,
On s’endormait rompus
Sur les roches moussues.

Je t’aimais fou de racines profondes
Mon bel amour navigateur
Et l’on s’aimait tous deux dans l’onde
D’un vert océan rédempteur.














Forteresse
de mes espoirs
tu es, déesse,
mon reposoir

Je longe tes rivières
franchis le pont
et viens te voir

Sur le seuil bouche close
tu m'accueilles
lèvres roses

Je dépose en tes mains
un écrin fleuri de pensées
toute ma joie
d'avoir cherché


Tu me souris
et le ciel noir
s'enfuit s'enfuit

Un couple au clair des nuits
sentinelle alanguie
veille sur le château
doux chant de l'eau








...Et un cheval
pour marquer la cadence !

Un étalon surgi du labyrinthe
Un cavalier
arrivé de Corinthe
aux éperons forgés
de toute urgence

Deux messagers
dans une écume blanche
pour annoncer de belles espérances
le goût des mots du sel
Du sucre de l'enfance

Enfourcher l'alphabet
être désarçonné
Tomber de sa monture
apprendre l'écriture
Et de l'alpharandole
à l'omegalipette
construire son école
suivre sa propre quête

Et un cheval
pour marquer la cadence
Une monture surgie de mon enfance.








Tu es au centre du monde tel qu'il gronde en moi
avec la rumeur de mon âme dans tous les coins
tu vas jusqu'au bout des comètes de mon sang
haletant
harcelé de néant
et dynamité
de petites apocalypses
les deux mains dans les furies dans les féeries
ô mains
ô poings
comme des cogneurs de folles tendresses

mais que tu m'aimes et si tu m'aimes
s'exhalera le froid natal de mes poumons

le sang tournera ô grand cirque
je sais que tout mon amour
sera retourné comme un jardin détruit

qu'importe je serai toujours si je suis seul
cet homme de lisière à bramer ton nom
éperdument malheureux parmi les pluies de trèfles

mon amour ô ma plainte
de rossignol dans la nuit buissonneuse
ô fou feu froid de la neige
beau sexe léger ô ma neige
mon amour d'éclairs lapidés
morts
dans le froid des plus lointaines flammes





La barque de tes yeux

a chaviré mon cœur

Entre le ciel et ton visage

Je flotte dans ta chevelure,

Comme au bord d’une branche

Un songe dans sa fleur.

Une voile s’approche

Dans les vagues mourantes,

Rose de frissons neufs.

Elle murmure ton doux nom

De chair et de tendresse.

Eaux mêlées de ma voix

Breuvage de nos rires,

Je savoure ton miel

Aux rayons du couchant.

Sur le sel de ma peau

Tu as posé les mains

Et nos corps ont chanté

De douces harmonies.















A la quête des dons de toutes ses conquêtes


Dom Juan avait - dit-on - le sceptre à la main preste


mais à la pêche aux dons le bougre s'est noyé


son sceptre de béton l'empêcha de nager.
















Même parti très loin
Je ne sais quel est le plus réel,
De ma mémoire ou de mes routes,

Quel est le vent qui pousse ces bateaux
Quelle est la mer
Qui pousse ces oiseaux.

Suis arrivé près des lagunes ocres
Où la patience des sauriens ruminait
Le long enfantement de l’homme.

Ainsi de toi, lointaine jusqu’à moi :
Ta main est ce serpent lacustre
Dont la peau frissonne au soleil
Au cœur des frontières du monde.









La terre finira-t-elle
Par aller au ciel ?
Et quand s’éteint
Le nuage qui souffre,
Se tait alors la vie
Chantée dans l’univers.

Les étoiles dans tes yeux
Succombent
Peu à peu
Peu à peur.

La nature, en larmes,
branche morte,
Sans arbre nouveau à offrir.
Et moi, je pleure
Sans arme
Triste à souffrir.

La terre tourne bleue,
Blessée,
Dans un soupir.












Seuls tes yeux me chavirent
Vers un ailleurs
Où le ciel et la mer
Sont joints à l’infini.

Ton regard me saisit
A l’éclat d’un mirage
Comme s’effacent en rêves
Une féérie d’univers.

Tu te replies alors
Au-dedans de l’extase
Et me laisses sevré
D’espaces infinis

Ô lointain pays de tes yeux
Où ma patience se déroule
Où mon espoir se réverbère
Pour sentir en nous s’apaiser
Le ressac de toutes les mers

Goûter enfin avec toi
la trêve des gouffres
Le repos des volcans.











A l’aube claire de ta bouche
J’ai bu les parfums enneigés.
Tes lèvres ont cherché la réponse
à la question jamais posée,
Balbutié des perles de givre.

Un fruit de glace
Brille dans le matin,
goutte après goutte
abreuve nos caresses.
Nos deux haleines ondulent
en guirlandes.
Le brouillard de la chambre
est semé de nos rires
Et sur nos corps
Tremblants et nus
Des flocons d’oiseaux
Se sont abattus.


















• Le plus beau des oiseaux...?

- L'ornithographe,

puisqu'il a des plumes et que le ciel est sa page.

De plus, c'est le seul oiseau qui écrive,

sans laisser de trace !

- Si nous pouvions faire la même chose quelquefois,

et simplement chanter,

comme l'oiseau.

- Effaçons-nous devant l'ornithographe,

et de nos yeux si-lents-cieux,

admirons ses troublants,

invisibles paraphes.




APPASSIONATA



J'ai tout un clavier dans la tête


une harmonie d'étoiles filantes


dedans mon âme une tempête


au bout des lèvres une amante.
















C'est pour t'avoir vue
penchée à l'ultime fenêtre
que j'ai compris et que j'ai bu
tout un abîme.

Tu me montras tes bras
tendus vers la nuit
et tu as fait que depuis
ce qui en moi te quitta,
me fuit,
n'est plus.

Ton geste fut-il la preuve
d'un adieu si grand ?
Si vrai, qu'il me changea en vent
de sable versé dans le fleuve
de l'oubli ?

C'est le trop tard, le trop tôt,
qui de tes formes décident.
Tu les habilles, rideau,
robe du vide.

Je reste l'étourneau,
inconsolable enclos
de rides.









Sens-tu le parfum de la lune ?
Il est pour toi
descendu ce soir

Telle une écharpe bleue
roulée
puis déroulée
en volute apaisée
le parfum de la lune
enlace
ta nuque fine

Lui seul
te réchauffe

Tu veux le caresser
Ce souvenir de sable
qui vient de s'envoler

Mais fidèle
il revient chaque soir
sur ta peau se poser
comme un papillon bleu
pour saluer ta beauté.















Fleur à ma porte
à ma portée
elle m'effleure
telle une portée de notes
aux vers sibyllins.

Rose de désir rose
rose désirée
rose où accrocher
ma peine montée
en épingle.

Poème pour une épine
poème pour une énigme
voilà notre but incertain

Produire du sens
hors des chemins de la science
hors de toute vérité fabriquée

Une rose frappe à la porte
et tout l'univers
est aux aguets !









Haute fleur de lumière
La chaleur des nénuphars
S’élève jusqu’à ton cou.

Tu arrives vers moi
toute ensoleillée d’existence
Bouche emplie de fraîcheur d’herbe.

Tu es l’aube dans mes bras.

Nous n'irons plus mourir de langueur
à des milles de distance
dans nos rêves bourrasques
des filets de sang
dans la soif craquelée de nos lèvres
les épaules baignées de vols de mouettes
non !
J'irai te chercher nous vivrons sur la terre.

Coule-moi dans tes mains de soie
tête la première pour ne plus revenir
si ce n'est pour remonter
debout à ton flanc
nouveau venu de l'amour du monde.










En fidèle marin
sur les chaloupes de la nuit
je pêche
les songes qui dérivent.

Quand le jour s'éteint
l'océan enveloppe mes rêves.
Je chavire alors dans ses vagues
et nage vers le levant.
J'aime écrire entre ses lignes
changer d'horizon.

Dans les brumes du matin
je t'ai vue baigner nue
et au soleil naissant
apparaître
poitrine dressée
nouvelle femme
dans l'immensité.

D'un petit signe
tu m'invites
vers un rivage inconnu.
Je pose alors
ma plume et léger
vole vers ta caresse
pour découvrir
tes lignes
à l'horizon.








LA BELLE ABSENTE

Je t’imagine là comme un souffle tranquille
Robe et abeille bleue je t’imagine là

Dans la respiration paisible de la ville
Dont les arbres tremblants s’endorment dans le froid.

Je t’imagine seule à l’angle du carreau
Sous les nuages bas tu traces dans la buée
Des lignes délicates pour me dire ta pensée.


Je t’imagine seule au seuil de ton ivresse
Lointaine et disparue dans la nuit sans jeunesse.

Je t’imagine lasse, et poussée par le vent
Courbée sous le fardeau de fumées trop épaisses
Il fait si froid dans la ville ce soir.

Je t’imagine là présence inavouable
Front fleuri de la vie qui s’offre et qui se prend
Je t’imagine là comme inimaginable
Je t’imagine là quand ton souffle est absent
















Le temps d’écrire un doux message
à l’infini,
l’oiseau que j’avais mis en cage
est reparti.

Soliloques du désespoir
il s’est enfui ;
course folle à broyer du noir
le soleil luit.

La parole a quitté le livre
au crépuscule ;
la page est blanche de sons ivres
qui basculent.













Sous les paupières de l'horizon
Flottent nos rêves.
Errant parmi les vagues
Se posent tes doux pas
Qui viennent danser
A mes lèvres.
Les algues chantent
Il fait soleil
Parmi le sel et les embruns.
Caressée par la soie du vent
Frémit la chair des coquillages.
Et sur le sable de la plage,
Sortis de l’eau,
S’ébrouent nos corps
Coquelicots.




















Tu plonges

parmi les éponges

et tu t'effaces,

Sirène tu n'es plus

qu'un songe

à la surface.









Tu m'a conquis,

mon pays n'est plus mon pays,

le paysage s'est enfui.

Tous les chemins ramènent au même lieu :
toi

Le voyage est cheval d'illusion

Les braises du monde noircissent son pas démesuré.

Elles brûlent nos langues inquiètes

En lui-même, le poème se cherche,

il est cette eau noire qui nous éblouit

lorsque nous lui restituons

une lointaine lueur d'étoile :

ta lueur, ton soleil, ta chaleur

toi.



Entre le mutisme et la perte
Le vent m’apporte feuille blanche.

Exister mieux plus loin plus haut
Je n’ai pu le faire sous mon toit.

Aujourd’hui la maison
oubliée sur l’estuaire
Réinvente sa solitude.
Mélancolie des sables
aux portes de l’automne
Jour après jour la pluie griffue
Efface les couleurs

Cendre noyée du ciel
Dans le gris fumeux des étangs,
Ton absence me pèse tant.

Devrai-je attendre encore longtemps
le retour de ta chevelure
qui s'enroulait aux quatre vents
sur la grève des sentiments ?
J'ai souvenance de ta voix
qui me chantait l'amour fragile.
J'ai trahi ta confiance
et noyé ma conscience.

Désir me noyer
dans ton ventre océan
devenir le nageur bercé
le tendre amant

Toi et moi toujours deux
déchirant nos linceuls,
pour ne plus jamais
rester seuls.




Les grains bavardent clairs
au cœur de la nuit brune :
"Je mûrirai dit l'un
et désaltérerai le gosier d'un puissant
la gorge d'un enfant
le palais d'une reine.
- J'abreuverai dit l'autre,
et je caresserai les papilles des hommes
quand je serai plus grand.
- Moi, dit encore un autre,
je ne mûrirai pas
je suis déjà mourant
car je vis
Dans la peur
de me voir englouti.
- Tu ne vivras jamais le plaisir du partage
l'offrande
De ton jus la connaissance offerte
la grume délivrée.
Dessèche-toi bien vite
Pour laisser de l'espace
aux autres grains pressés
De finir en bouteilles.

"A cheval sur le vin !
Riez, frères humains !
La divine chanson sera notre boisson
et nous galoperons en joyeux échansons
pour verser dans nos verres
les crus
De l'univers."










Le soleil s'est levé
sur ton nom Boucle d'Or
tu es la lumière de mes pas.
Unique lampe en mon jardin
source de feu clair destin
tu veilles sur nos lendemains.


Boucle d'Or fleur bénie
oiseau chanteur en son doux nid
Tu es la corde le rayon
l'aile douce d'un papillon.


Bras tendus dans l'attente
moi l'aimant, toi l'aimante
je viens vers toi tu me tentes
J'avance alors funambule
aveugle pauvre somnambule
Pris de vertige
je trébuche
fleur coupée fleur sans tige
bouquet fané à peine né
lourd vestige


La nuit entre mes doigts
s'est déroulée, livide
Ne plus te voir
mon cœur se vide
J'ai perdu Boucle d'Or
L'unique lumière de mes pas
Et pourtant je reviens vers elle
le mot « trop tard » gît sous mon aile.








Aux marges du temps
Se tissent nos aubes blanches
Le corps glisse
Creuse l'écorce du jour
La terre recueille ton dernier soupir
Je porte alors ton souffle
Nourri d'absences.
Les mots s'égarent
Dans l'éclat de la pierre
Dans le bleu des paysages de l'enfance.
Laisse-moi les lire au revers de l'oubli,
Laisse-les doucement se suspendre
Au creux de ma mémoire ;
L'ombre du chemin les apprivoise.
Au détour de l'arbre
Chaque pierre abrite leurs reflets
Un creux de bleu ride l'horizon
La lumière dérive
Ecume à la frange des ans.
Au couchant
La langue de pierre
Epousera nos solitudes.
















Aucune fleur à offrir
pas même un encouragement

Je lui promis de courir
sur la route
de l'innocence

Elle était là
prisonnière de mes rêves
ligotée de solitude
crispée de douleur

Quand j'ai voulu la libérer
elle se dessécha
et disparut
dans la nuit

Mon cœur saigne
dans tes plis
coquelicot
que je
n'oublie










A ta césure mes doigts te cherchent
un papillon survit sous les algues
et baptise mes veines

Le monde s'illumine
lorsque l'archet se jette
à la cime d'un creux
Ma mémoire abrégée
cherche une issue de secours
Si je dis " voilà tout"
c'est que j'entends son haleine
obscurcir ma vue

des reflets surnagent, des flammes sonnent
des mots sont pris dans le nœud du passé
prennent maintenant ton visage pour cible

ma mémoire abrégée disparaît dans l'errance



















Avec mes restes de verdures
j'inventerai des jardins
sur tes déserts arides.
Je me mettrai debout
guettant la silhouette
qui t'habille de sentiments
empilés sur un horizon
d'amour
Je te prendrai par la main
caresserai tes cheveux
avec un vent de sable
que les médiocres redoutent
Je poserai mon poème
au creux de ton regard
comme un baiser fleuri
de mille soleils couchants
Je t'aimerai
avec l'ardeur d'un poète
et dormirai enfin
heureux comme un soupir








Les gisements de l'imaginaire
doivent être sombres
à peine sinistres
de sorte que le poète
apprécie son ouvrage
d'un regard pareil
à celui des mineurs
auréolant la pierre
de leurs yeux ténébreux

Ces mineurs battent le cœur
pendant qu'il est chaud
palpant le métal
en de folles fournaises
plongeant leurs mains
dans le galbe incandescent
d'incroyables volcans
Sensualité de l'orfèvre
sueur noueuse du sidérurgiste
A travers l'enclume
quelques danses lustrales
Extraite par un broyage
purement symbolique
le poète porte en son âme
la matière précieuse
dont sont faites les étoiles
que je t'offre.







Fleurs de murs lézardées par le vent
humiliées par le hasard
fleurs de murs pans écroulés
sur l'odeur d'une femme
avec pour péril l'instinct
fleurs de murs déserts trahis
par des traces de sang
blessures caravanières
aux bivouacs imaginaires
fleurs des murs
parfums de solitude
sous l'aisselle du poète
***
Femme criant sur les toits
étendant son silence
sur les terrasses délabrées
du cœur
Elle cherche l'amour
entre les fissures du mur
et quand enfin elle l'aperçoit
le mur s'écroule
****
Comment t'imaginer
combattre l'ardeur de la foule
avec ta frêle silhouette
seule parmi tes sens
regardant furtivement l'absurde
qui t'entoure de ses tentacules
nos idées ont vécu
sur le même territoire
aussi vaste que l'amour.








Elle est tout ce qui m’est arrivé de meilleur.

Depuis la nuit des temps en quête d’un ailleurs,
Je cherchais cette femme, ma déesse majeure,
Comme un marin perdu, tel un sombre nageur.

Partout en quelque lieu, dans les quatre éléments,
Je parcourais la terre, guidé par un aimant,
Vers l’endroit inconnu, ce pays de cocagne
Où vivrait ma princesse, vallée, ville ou montagne,
Sommet inaccessible, que j’ai enfin gravi,
Parnasse de mes rêves, caché, secret, ravi.

Dans la mienne, une main s’est glissée,
Main blanche aux doigts de fée, je n’ai pu résister.
Je l’avais reconnue
aussitôt que aperçue,
La femme tant rêvée,
Si longtemps désirée.
Elle me sourit, me plut.
Belle et noble peinture,
Alerte, et vive allure ;
Je ne la quittais plus.
Elle était femme exacte,
Unique, en tous ses actes.
Et depuis j’en suis éternel amoureux,
elle est mon chemin de lumières, pour vivre heureux.











J'ai eu froid dans mes rêves
et me suis réveillé.
J'ai marché dans les tiens
cherché
et ai touché du doigt
tes espérances
tes espoirs.
J'ai eu froid dans ma vie
j'ai revêtu la tienne.
A pas de loup
j'ai tourné
autour de ton mystère,
des larmes desséchées
gisaient...
Sur les chemins de nos vies
nous avons rencontré
le soleil
et revêtu
nos poésies.










Se promène

dans ton regard

cette solitude

qui jette ses pétales

dans le fleuve du jour.

Ce jour vient

monture blanche

galopant dans le désert

de la certitude.

Il existe

toujours en toi

un printemps

qui défie les horizons.

Tu es aussi belle

que l'amour.




Un poète vous aime
et vous donne le droit
d'être le chêne féminin
le fleuve à cent pagodes
la comète en voyage

Un poète vous aime
pour vous habituer
à faire quelques pas
dans la banlieue
de l'univers que vous seriez
s'il n'était point venu

Un poète vous aime
et vous rend responsable
d'une très longue éternité
souples aurores
lacs à poissons volants

Un poète vous aime
et tout vous est permis
pour aimer plus encore
les mots
qu'il nourrira de vous.












Le ciel est un tombeau


immense et magnifique


où courent des nuages


bêlant comme un troupeau


de bêtes alanguies


menées à coups de trique


par un vent dictateur


à la main de bourreau.










C'est à la grande loi
de l'amour
qu'obéissent
hommes, bêtes et choses,
dans un tourbillon de sable
infini
Et ce chant du désir
est mon chant.
Il enfle ma langue
comme piment,
brûle mon sang
comme poivre,
me tord sur le sable
comme serpent.
Affolé, hurlant, un mal
inguérissable
me déchire
dans ses griffes de démon
jamais las
de faire souffrir.












Quand la lumière

enlace tes pieds

aux vagues du sable,

pourquoi penser aux vagues

plus lointaines

où toute route
se noie ?

***

Et tu voyages

en avant de toi-même,

toujours précédée

de ton destin.





La paix est dans ses os
Il la sent, la respire
Unique et double alliance
Il s’arme de patience.

Elle est blonde beauté
Fière, digne d’être aimée
Craintive, mais superbe
Avec ses mots précis.

Deux cœurs croisés sans hésiter
Se cherchent et se chamaillent
Voudraient s’ébattre sans bataille
Mais les disputes, les tendresses
S’enroulent
en noire tresses.
Les apparences
ont la peau dure
Sur les squelettes.

Heureusement le bleu est là
L’intelligence et le respect.
Le conflit n’a que trop duré,
La grâce et la bonté s’allient
chassent
chagrin et jalousie.
L’union des âmes est revenue,
L’amour en actes
a survécu.
Toutes les branches
Peuvent fleurir
Il fait si doux
Dans ton sourire.











Dans l'herbe de tes lèvres
je me suis allongé.
Tout près de toi
à combler la distance.


Dans ce jardin
d'invraisemblables couleurs
je t'ai trouvé
murmurant aux hirondelles :


"Aime sans savoir pourquoi tu aimes,
Etre à soi-même son repos,
Savoir se faire face sans miroir,
chaque mot écrit un autre mot."


Quand je me suis relevé
mes vertèbres n'avaient plus peur
les herbes ruisselaient de joie
ta bouche a caressé ma main ;
et dans la sève de ton sourire
je t'ai rejoint











Fleur rare
enivre-moi de ta passion
fais-moi rêver éveillé
canalise ton parfum
en fleuve qui m'enrichit
d’encens
Tes cheveux frisent sous mes doigts
me prennent dans leurs fils
Moi
Humble pêcheur
ton regard me trouble
Tu es méandre beauté fatale
En moi
ton amour coule
Cascade de passion
violon sans archet
voix sans corde
tes chansons se promènent
Dans mes veines
Seules tes caresses
Me nourrissent
de ton odeur chaude et sucrée
Pour toi je deviens
Musicien
écrivain
Magicien
Une plume qui
m’embarque
vers tes yeux








VERS TOI

Qui écrira ma peine
déroulée sur la plage
quand le vent de sable dur
claque avec son fouet
mon visage ?
Qui dira mon chagrin,
ma détresse
quand la voix de l'aimée est si loin ?
Qui chantera mes pas
mouillés de sel
notes lourdes
noyées au bord des vagues ?
La mer, toujours la mer,
La mer est mon poème,
écrin bleu, hanîn, chawq, saboua,
collier de ma colombe
qui vole vers moi.
Toi, ma constellation
figure plurielle et unique.
J'entends enfin l'oiseau
à l'aile qui palpite.
Et vers toi
je me précipite.











Le mot est un oiseau :

- Martinet, griffe l'air,
inscris tes paraphes,
ta signature trempée
dans l'encre des orages.


- Mésange à tête noire
grave dans le bois
ton chant d'amour, picoré à tue-tête.


- Merle, inscris
tes pas sur la neige,
en vers libres.


- Aigle, tournoie
au-dessus de ton aire,
dessine un poème de joie.

- Moineaux en nombre
écrivez des mots insensés
dans les arbres de ma rue....






LES PAPILLONS DE LUNE



Les papillons de lune
Ont la mélodie pour mémoire
Leurs ailes se déposent
En caresses joyeuses
Sur notre belle histoire
Les papillons de lune
au palais
De marbre blanc et rose
Nous ont invité
Au son des mandolines
nous avons dansé.
Un orchestre anonyme
Animait le grand bal
noyé de capes et d’ors
Tournoyant carnaval.
Tu étais la princesse
Aux rayons lumineux,
J’étais entre tes bras
Le prince enfin heureux.
Les papillons de lune
Existent, pour nous deux.










AB-SANS-CE


La terre s'enterre


une bête s'embête


la flamme s'enflamme


la nuit s'ennuie


Lise s'enlise


et moi sans moi


néant l'air de rien.










Mon cœur saigne
A l’ envers
En prose
Et à l’endroit
Où flèche l’a brisé.
De désespoir séché
Mon cœur pleure
Sa peine
En tranches noires.
La déveine en ruisseaux
En remous, vagues tristes
Inonde l’univers
D’un corps à l’abandon.

C’était hier, j’ai oublié,
Le cauchemar est terminé.
Courte fut cette nuit
Elle a bu mon chagrin.
L’aurore s’est annoncée
A tes lèvres, en faim.

















Forteresse de mes espoirs
tu es, déesse
mon reposoir
Je longe tes rivières
franchis le pont
et viens te voir
Sur le seuil
lèvres closes
tu m'accueilles
doux regard
Je dépose en tes mains
un écrin fleuri
tu me souris
Le ciel noir
faiblesse en désespoir
s'est enfui
Un couple naît
au clair des jours
et pour toujours





CAVALCADE

J'habite un pays bleu

La vie est rêvée
Traversée de fenêtres en ailleurs
Lumineux
Destination ici mon cheval
Mon chez toi.
Je t'attends
Ma monture aux naseaux qui palpitent
et
Déchiffre tes yeux pour perdre mes repères.
Nous partageons alors
un bout de pain
d'éternité
au galop de nos rêves
tranchés dans le ciel vif.
Personne n'est venu
Aucun sabot frondeur
enfoncé dans le sable
J'entends le vent hennir sur la crête des flots
Personne n'est passé
Nulle trace de pas
laissé là
Sur la plage
La crinière du vent telle une écume blanche
Dans l'ombre d'un pinceau
va naître une autre enfance
les chevaux de la mer
Sont sortis de nos rêves
les chevaux
De l'enfance
ont quitté leurs manèges.








Mes galops
ne sont pas de trop
Dit le cheval à ses sabots
Entre ma queue et ma crinière
S'agite un champion sans manières

Un étalon dès la naissance
Armé de gloire et de puissance
Un destrier de haut lignage
Doué pour le saut doué pour la nage

J'ai traversé la terre entière
Les mystères de la matière
Echappé à toutes les guerres
Aux cavaliers de feu de fer

Maintenant usé par la vie
Ma litière est ma seule amie
Perspective peu cavalière
Cavaltitude prisonnière

Mes galops ne furent pas de trop
J'attends la mort au petit trot
Mourir mégalo disparaître
Impossible !
Je vais
Renaître !









Fer à cheval
cloué sur la porte
je te frotte de laine
il faut briller
Jamais, non, plus jamais
tu n'arracheras
d'étincelles à la route
Soudain loin du seuil
une crinière vibre
mémoire de la course
A l'ombre des arbres
le cheval gît dans la boue
couvert d'écume il hennit
Je frotte plus fort
et le vois debout
qui me dit
"Enfant des embruns
partons sur la mer
au firmament
de ses mystères"
Un écho de galop
coule derrière la dune
Et la lune vagabonde
a souri dans la nuit brune












ESCAPADE

Un vent de poudre

attise

le feu croisé de nos désirs.

Et dans un galop de crinières

nos mots ferrés

balles perdues

mots martelés

tracent

une chevauchée

de lumière.













Je t'ai vue cette nuit
flottant dans une bulle
Tu étais assoupie
recouverte d'un voile
courbure fidèle
joyau de lune
corps si doux

Un collier de pluie
sur ta gorge tiède
riait de gouttes bleues
J'ai voulu le toucher
la bulle a éclaté
mes lèvres charmées
ont reçu ce baiser

Tu étais libérée
nous étions réunis
par magie de la nuit.
j'ai chanté pour toi
au cœur de ton poème
tes mains, tes mains si belles
jusqu'à l'aube nouvelle.











Si j'étais un élément
je serais les embruns
qui se déposent sur tes joues
si j'étais un livre
je serais les lettres
qui caressent tes yeux
si j'étais une fleur
je serai le parfum
intense de tes rêves
si j'étais sentiment
je serai la passion
déchaînant les raisons
si j'étais oiseau
je serais ce petit rouge-gorge
si fragile, si facile à apprivoiser
si j'étais objet
je serai ce stylo avec lequel
tu écris de si jolis poèmes.













Une boîte à musique
s'est arrêtée
amours paralytiques
cœurs défoncés
Poupée démantelée
robot cynique
tu pleures tes pensées
anachroniques
Une boîte à musique
sur le pavé
amours paralysés
cœurs nostalgiques
Un triste amant chronique
qui admirait
l'amour et la musique
te veille en paix
une boîte à musique
démantelée
amours écartelés
cœurs héroïques.













Ta nuque est d'aube

et le matin se lève

dans l'attente des roses.

Ta chevelure...

et la nuit qui s'attarde

à noyer le soleil.

Pourquoi

dans l'étreinte

de ton regard

est-il toujours

midi ?




ARCIMBOLDO

( peintre qui représentait souvent
le visage humain ou des corps,
avec des fruits, des livres, des objets...)
*


J'ai la nature en moi
accrochée à mes trousses
qui sans cesse repousse
mon squelette de bois

Mes nerfs sont des racines
sculptés parmi la mousse
de ma chair que ravinent
des torrents d'herbe rousse

Mes veines des ruisseaux
en fuite dans la plaine
de mon alter ego
qui court à perdre haleine

Essoufflé je m'éteins
comme un vieux ver luisant
fossoyeur du chagrin
à la lampe d'argent.








Lui
dans les fêlures du monde,
de la peur des pères

dans le chaos navrant
d'un décor intérieur

dans les déchirures
du langage,
s'était perdu.

Il avait le pain triste
tartiné d'ombre.
Le roc avait ses larmes
qui ne s'écoulaient pas.

Jusqu'au jour où la Voix
lui enflamma les os
l'atteignit brûlante
et lui dit :
"C'est aujourd'hui toujours."

Et leur amour
fut une enfance
une immarcescible présence
fièvre
foudroyant les loups
de leurs mémoires
blessées.















La poésie n'est pas du vent, c'est le vent qui est poésie. YV.



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