mardi 4 janvier 2011

Terre & Mer suite 2

Mémoire de la Terre, histoire de la vie…Mémoire vivante et histoire tellurique…


Imaginez que vous perdiez la mémoire… Vous n’avez plus alors aucune idée de la personne qui vous regarde dans le miroir. A l’état présent, votre passé a disparu, brusquement ! En perdant notre identité, même plus d’avenir, horreur !
Qui est donc soudain face à moi ?
Hors du temps, hors du lieu même, et hors de soi, comment se retrouver, se reconnaître ? Peut-être grâce à un témoin, un autre qui vous connait et qui fait donc partie un peu de vous. Oui, c’est cela : l’addition d’un autre et d’un moi ! Pour en faire un Je(u).
Un autre moi-même !

Un simple être vivant gonflé d’orgueil, la tête comme une montgolfière ! Croyant voler au-dessus des miasmes, alors que sans les « miasmes » comme il dit, il n’existerait, n’existera et ne serait même pas !


Il m’imagine alors au-dessus de l’espace, témoin voyeur qui se détache de la terre pour la regarder d’en haut ! De très haut !

Et il aperçoit alors, une mémoire d’avant la mémoire de l’homme, une mémoire géologique, minérale, vivante, en quelque sorte : pierre qui roule… Erosion, fractures, tremblements de terre, glissement de terrain, fonte des glaces, évolution, révolution, changement, souffle !
Un patrimoine culturel est alors en Je(u), en Toi, en moi, en l’autre… Pierre à pierre, étudions « La Terre » pour construire du sens, allons à la recherche non pas de l’origine, mais des lieux sur lesquels l’humanité s’est appuyée, a posé le pied, érodant, abrasant, détruisant et construisant. Une invention du paysage, paysage où l’on perd pied si on l’ignore.

La Terre nous porte et nous transporte. Faune et flore dansent ensemble, dans un ballet dont Nicolas Sténon XVII siècle a établi la chorégraphie avec le Comte de Limur, dans une folle uchronie…

La balade, et la ballade peuvent commencer.





Déclaration internationale des droits de la mémoire de la terre



De même qu’un vieil arbre garde la mémoire de sa croissance et de sa vie dans son tronc, la Terre conserve la mémoire du passé. Une mémoire inscrite dans les profondeurs et dans la surface, un affleurement, une mémoire qui affleure, qui fleurit ou refleurit. Une terre fertile qui nous chante un moi retrouvé !
Une chanson qui nous trotte dans la tête, un lambeau de mémoire…

Mémoire inscrite dans les roches, les fossiles et les paysages, une mémoire qui peut être lue, traduite et représentée dans toutes les langues et par nos cinq sens ! La musique des pierres, le souffle de la mer, la peinture d’une fleur – son odeur, son immédiateté venue du fond des âges ! Age de pierre… Patrimoine naturel, patrimoine culturel, qui suis-je au milieu de la nature, sur la Terre et dans l’air ?

Une mémoire d’avant la mémoire de l’homme, une mémoire géologique, minérale, vivante, en quelque sorte : pierre qui roule… Erosion, fractures, tremblements de terre, glissement de terrain, fonte des glaces, évolution, révolution, changement, souffle !
Un patrimoine culturel est alors en Je(u), en Toi, en moi, en l’autre… Pierre à pierre, étudions les ruines pour construire du sens, allons à la recherche non pas de l’origine, mais des lieux sur lesquels l’humanité s’est appuyée, a posé le pied, érodant, abrasant, détruisant et construisant. Une invention du paysage, paysage où l’on perd pied si on l’ignore.


En 1669 paraît, à la suite de nombreux voyages et observations en Italie, un ouvrage qui fera date dans le domaine de la géologie : "De solido intra solidum naturaliter contento dissertationis prodromus". Dans ce livre, le savant danois jette les bases de la cristallographie en montrant que les angles des faces des cristaux de quartz restent constants malgré leurs différences d'aspect et de taille. De plus, il suggère que les fossiles constituent les restes des organismes vivants ayant disparus, une idée totalement révolutionnaire pour l'époque.

Sténon fournit également une explication à la formation des montagnes par les mouvements de la croûte terrestre et démontre l'importance de l'érosion. Il met enfin en lumière le phénomène de sédimentation et donc la notion de strate. Par l'étude approfondie des couches sédimentaires et des fossiles, il prouve ainsi qu'il est possible de reconstituer l'histoire géologique d'une région, travail qu'il exécutera en Toscane, sa région d'adoption.
On peut dire que la géologie débuta avec Nicolas Sténon, un médecin danois, qui le premier en 1669 parla de strate en décrivant la superposition de couches de roches sédimentaires. Les fossiles qui caractérisent ces strates sont regardés comme des vestiges d'organismes disparus. Ils permettent de mettre en évidence une histoire de ces roches, basée sur le principe de superposition et sur le principe d'extinction et d'apparition des espèces.
La stratigraphie était née et n'a pas beaucoup changé dans ses fondements depuis cette époque. Le principe de base est qu'une strate inférieure est plus ancienne qu'une strate supérieure, c'est le principe de superposition qui permet de dater relativement les événements sédimentaires qui se succèdent.
Sténon décrivit aussi des « discordances » entre les strates, ce qui implique qu'il y ait eu basculement de ces strates avant qu'une nouvelle transgression ne vienne éroder puis superposer de nouvelles strates sur ces strates basculées.

Si Sténon reconnut que les strates pouvaient être déformées et qu'elles n'étaient plus à l'horizontale, il en conclue néanmoins qu'elles devaient l'avoir été lors de leur déposition. Le principe de déformation des roches à partir d'un état initial non déformé est donc reconnu dès le début. L'idée de plissement sera reconnue par le suisse Johan Scheuchzer (1684-1738) et énoncée plus tard par Horace Bénédict de Saussure (Genevois, second vainqueur du Mont-Blanc en 1787), et aussi par les suisses Conrad Escher et J.G. Ebels (1808). La notion d'un certain dynamisme à la surface de notre Terre était mise en place. La notion de système de chaînes de montagnes (système orogénique) alignés autour de la planète et qui se succèdent dans le temps (cycle orogénique) fut émise par Elie de Beaumont en 1829. Il définit ainsi 6 phases de déformation se succédant les unes aux autres dans les Pyrénées.
Par la suite, cette notion attira l'attention de nombreux chercheurs, chacun essayant d'expliquer ces phénomènes à sa manière. James Hall (écossais 1761-1832) produit le premier modèle analogique de ces déformations en simulant le plissement de strates par un empilement de pièces de tissu se plissant lorsqu'elles sont serrées entre deux planches de bois se rapprochant l'une de l'autre. De tels modèles analogiques sont toujours utilisés de nos jours.

Le climat varie à la surface de la planète, tant dans les températures, les taux de pluviométrie ou les variations saisonnières, ceci en fonction des latitudes, de l'altitude, des courants océaniques, de la distribution des masses continentales en encore de paramètres astronomiques.
Cette diversité de climat induit une multitude de paysages types - glaciaire, polaire, désertique, tropical humide, continental, karstique, etc., qui sont le résultat du façonnage de l'environnement par les manifestations du climat.
La morphologie du paysage est le témoin de l'évolution de ces climats dans le temps, par exemple les moraines fossiles ou les restes de palmiers à Lausanne.
L'étude des bassins sédimentaires anciens répartis à l'intérieur des continents, tel le bassin de Paris, permet d'établir une échelle stratigraphique des temps, en se basant sur les différentes faunes et flores caractérisant chaque empilement de strates.
Ainsi en France en 1849, Alcide d'Orbigny (1802-1857) définit par leurs faunes et de façon durable, vingt-sept étages du Jurassique et du Crétacé. Un travail similaire sera fait tout autour de la planète au cours du 19ème siècle; les bases d'une stratigraphie mondiale sont ainsi établies.

Ces bassins épi-continentaux, donnent de nombreux renseignements sur l'évolution des faunes et des flores aussi bien marines que terrestres. Effectivement, ces bassins peu profonds, sont souvent formés d'empilements de couches d'origine marine et d'origine continentale, dû aux phénomènes des variations eustatiques du niveau marin. Ces régions où les différentes faunes et flores se mélangent et se superposent sont donc des endroits clé pour comprendre l'histoire de la vie sur Terre. Ces différentes faunes et flores qui se suivent dans le temps amenèrent des paléontologues comme Cuvier à proposer une théorie articulée autour de catastrophes qui se seraient succédé sur Terre éliminant toute trace de vie, chaque catastrophe étant suivie d'une nouvelle création.
Remontons le temps

Un des changements, et très profond, de notre planète, est l'impact laissé par l'homme sur son environnement. Il est donc impossible de ne pas parler un peu de ce facteur perturbateur. De son berceau africain, l'homme ancien, Homo erectus, se répandit dans l'ancien monde il y a plus d'un million d'années en arrière.
L'homme moderne émergea vers –200.000 ans et pourrait être un descendant de Homo heidelbergensis qui vécut jusqu'à cette période. En fut-il de même de Homo neanderthalensis ? On ne pense, car le plus vieux représentant de celui-ci trouvé en Espagne, serait vieux de 300.000 ans, mais auraient évolué à partir d'un ancêtre vieux de 700.000 ans. Les évidences génétiques place l'émergence de l'homme moderne, Homo sapiens sapiens, en Afrique, entre 140.000 et 280.000 ans, il aurait atteint la Chine vers – 68.000 ans et l'Europe vers – 36.000 ans. Finalement la conquête des Amériques débuta il y a 10.000 ans.
Homo sapiens sapiens et H. neanderthalensis ont vécu ensemble en Europe jusqu'à l'extinction de celui-ci vers – 30.000 ans, certainement à cause de problème de compétition autour des habitats, sur un fond de glaciation en marche. Qu'en serait-il de nous si les glaciers venaient à envahir toute l'Europe ou l'Amérique du Nord ? Il semble pour l'instant que nous devions affronter plutôt un réchauffement, dont l'effet le plus désastreux serait la montée des eaux. Quelques dizaines de cm mettraient en péril la vie de millions d'habitants, et ceci sur toutes les côtes de tous les continents. Un péril commun amènera peut-être l'humanité à prendre conscience de son impact sur la planète…

1 commentaire:

Littérature Yann Venner a dit…

Projet de roman " La mémoire des pierres"