lundi 20 juin 2016

À Paul Celan

L’imprononçable
À Paul Celan

Ma mère a repassé le linge de l’oubli
Linge noir linge gris
Des fantômes lointains
Des suaires se sont dressés
Des mains se sont tendues
Vers cette source blême d’où la mémoire émerge
Des horreurs défroissées ont pu enfin se dire
Et des chairs éclatées trouver le réconfort
Quant à la guérison impossible d’y croire
Le pli géologique la mémoire des vaincus
Les strates souterraines ont recraché
Des corps tapis dans le silence
Ma mère m’a raconté le linge de l’oubli
L’Histoire mise en intrigue cohérente ou heurtée
Matrice de souffrances et d’espoirs emmêlés
Elle est morte là-bas parmi l’espèce humaine
Qui demandait pourquoi
Et qui les fers aux pieds a regardé la vie
S'enfuir comme une haleine
Du conduit de la cheminée

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